Notre histoire d’allaitement

Mes chers fils, j’ai pensé qu’en cette semaine mondiale de l’allaitement, ce serait bien de vous partager notre histoire. Un parcours d’allaitement complexe, court et duquel je fais encore le deuil.

Édouard, tout a commencé avec toi, mon tout premier bébé. L’allaitement était pour moi une certitude. Je ne voyais aucune autre option, mais je ne m’étais franchement pas vraiment préparée non plus. C’était naturel, ça allait bien fonctionner, non? Notre aventure a commencé après un accouchement de 23h. Pitocin, péridurale, hémorragie, l’expérience m’a laissé un sentiment d’impuissance, de perte de contrôle alors que je sentais que je devais maintenant tout contrôler. C’est dans ce contexte qu’ont eue lieues nos premiers allaitements. J’ai rapidement eu le sentiment que quelque chose clochait. Les tétées me faisaient souffrir et notre 2e nuit a été particulièrement difficile. Tu ne semblais jamais satisfait et on nous répétait que tout était normal, qu’il fallait simplement persévérer et que tout allait se placer avec la montée laiteuse.
Nous avons vite introduit de la préparation commerciale pour pouvoir souffler un peu et aider à réguler ton hypoglycémie, mais jusque-là, rien ne portait à croire que notre relation d’allaitement ne serait pas possible. Nous sommes rentrés à la maison après 2 nuits qui m’ont semblées une éternité et à compter de ce moment, les choses sont devenues de plus en plus difficiles. La fatigue physique était énorme et les émotions à vif. Après 5 jours, j’ai fait le choix de cesser notre relation d’allaitement pour commencer à guérir de l’accouchement que j’identifie aujourd’hui comme une expérience traumatique et pour éviter de sombrer dans une dépression postpartum.
Je m’en suis voulu si longtemps! Pendant des mois, des années suivant cette décision, j’ai senti que j’aurais pu en faire davantage. La guérison est tranquillement venue avec le temps et avec les formations en périnatalité que j’ai entamé. Aujourd’hui, je te regarde grandir et je vois bien que tu te développes plus que normalement et que notre lien d’attachement est très fort, mais il me manquera toujours cette expérience d’allaitement avec toi.

Laurent, notre aventure d’allaitement commence bien avant ta naissance! L’expérience vécue avec ton frère m’a amené à faire plusieurs recherches et à me former comme accompagnante à la naissance et monitrice de portage. Il va sans dire que je me sentais beaucoup plus prête quand tu es né. L’accouchement s’est si bien passé cette fois. Une belle expérience en maison de naissance avec des sage-femmes qui s’est avérée très réparatrice pour moi et qui m’a donné énormément confiance dans les débuts. Si mon corps avait su te faire naître sans aucune intervention médicale, je pouvais assurément lui faire confiance pour le reste. Cette fois-ci, la période postpartum s’est vraiment bien déroulée, mais encore une fois, un doute est venu s’installer au jour 3. Je me sentais beaucoup plus positive que la première fois, mais nous revivions plusieurs éléments de ma première expérience malgré un contexte complètement différent. Au 5e jour, nous étions inquiets, tu démontrais des signes de déshydratation, tu pleurais beaucoup et tu dormais peu. La fatigue gagnait du terrain et j’avais beaucoup de difficulté à croire que malgré toute cette préparation, ça ne fonctionnait toujours pas. Suite à une visite auprès d’une consultante en lactation, nous avons finalement compris ce qui se passait. Je fais partie des femmes qui ont une production lactée très insuffisante dû à une hypoplasie mammaire (une insuffisance de glandes mammaires). Un immense soulagement s’est installé et j’ai finalement pu comprendre et commencer à guérir ces deux expériences d’allaitement ardues.

J’ai fait le choix de continuer à t’allaiter tout en intégrant un biberon. J’ai pris une médication, continué le tire-allaitement pour un biberon par jour quand tu as décidé que tu ne voulais plus prendre le sein et finalement cessé 3 mois après ta naissance quand j’ai compris que tu avais décidé que l’allaitement au sein ne serait plus une option. Comme quoi, on contrôle très peu de choses! Cette fois, je suis en paix avec ma décision et je sens que j’ai vraiment tout donné ce que je pouvais.
Mes chers fils, je fais encore le deuil de ce que je m’imaginais être ma réalité de maman qui allaite. Je vis encore parfois de la frustration par rapport à mon corps qui n’a pas pu vous nourrir comme je l’aurais souhaité et je déteste plus que tout laver des biberons, mais je vous aime plus que vous ne puissiez jamais vous imaginer et ces deux expériences m’ont appris à être un peu moins exigeante envers moi-même, à lâcher-prise et à mieux aider d’autres familles à imaginer divers scénarios d’allaitement dans leur préparation à la naissance.

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